Entrevue

Économie sociale : la Ville de Montréal dicte la cadence

PARLONS ÉCONOMIE SOCIALE AVEC…

Signataire de l’initiative L’économie sociale : j’achète ! depuis 2013, la Ville de Montréal est reconnue depuis longtemps comme étant un modèle à suivre en matière d’achat local, responsable et social. France Doire, chargée d’expertise et de pratique principale, approvisionnement responsable pour la Ville de Montréal, nous démontre que cette reconnaissance est tout à fait justifiée, et plus que jamais d’actualité.

L’engagement de la métropole envers l’économie sociale ne date donc pas d’hier. Et il n’est pas près de s’essouffler ! « La Ville de Montréal a vraiment la volonté de soutenir la communauté. Il est donc bien naturel de vouloir participer au maillage qui s’effectue avec les entreprises de l’économie sociale », explique France Doire.

À ce chapitre, les services de traiteurs et de gardiennage sont d’ailleurs des partenaires importants pour ce grand donneur d’ordres. « Les fournisseurs de l’économie sociale contribuent assurément à la résilience de la Ville », renchérit l’experte. Ces partenariats gagnant-gagnant se sont établis au fil du temps, bien appuyés par des politiques qui reflètent ce désir de la municipalité de tendre vers une économie durable.

Des engagements bien ficelés

En décembre 2020, la Ville de Montréal s’est dotée de l’alignement stratégique Montréal 2030 et du Plan climat 20202030. « Les orientations de ces plans convergent vers la réalisation d’objectifs environnementaux et sociaux, favorables au développement économique sur le territoire », résume l’experte. La table était alors mise pour la suite des choses.

Afin de prendre part à ce virage, le Service de l’approvisionnement a développé le Plan approvisionnement responsable 2030, qui vient soutenir les différentes unités d’affaires dans la réalisation des objectifs mentionnés précédemment. Ce plan repose essentiellement sur six priorités d’intervention transversale, dont l’achat local, l’économie sociale, la diversité, l’inclusion et l’équité, la circularité, l’innovation et les gaz à effet de serre (GES).

Finalement, en septembre 2021, la Ville de Montréal a publié son Énoncé dachat local et responsable, qui bonifie sa politique d’approvisionnement responsable existante. Trois nouveaux types de critères de sélection — économiques, sociaux et environnementaux — s’ajoutent donc pour permettre aux fournisseurs qui placent l’économie montréalaise et la transition écologique à l’avant-plan de leurs intentions d’avoir accès aux marchés publics montréalais. La Ville de Montréal valorisera désormais des entreprises représentatives de la diversité des modèles économiques, pour faire notamment la part belle aux entreprises d’économie sociale.

De telles lignes directrices démontrent l’engagement sans équivoque de la Ville de Montréal pour encourager l’achat local, responsable et social. Après tout, les achats qui y sont effectués totalisent plus de 2,8 milliards de dollars par année. La municipalité peut donc jouer un rôle stratégique et adapter ses politiques d’approvisionnement afin de soutenir une économie verte et inclusive. « Les achats municipaux sont assurément un levier efficace pour faire bouger les choses », constate France Doire.

Un fichier des fournisseurs 2.0

Le fichier des fournisseurs de la Ville de Montréal demeure la porte d’entrée pour les entreprises qui souhaitent offrir leurs produits et services à la municipalité. Et pour tenir compte des engagements de celle-ci en matière d’approvisionnement responsable, le formulaire d’inscription à ce fichier des fournisseurs a été récemment mis à jour. À l’heure de rédiger ces lignes, 2158 modifications ont été apportées et 768 nouveaux fournisseurs se sont inscrits depuis le déploiement de ces nouveautés.

Les organisations intéressées peuvent désormais s’identifier selon des classifications distinctes et selon différents volets. L’inscription en tant qu’entreprise d’économie sociale a été bonifiée au système, tout comme les questions relatives à leur engagement en matière de développement durable, à titre d’exemple.

Un volet « fournisseur issu de la diversité » a aussi été créé afin de permettre l’inscription selon cinq grandes catégories (personnes racisées ou immigrantes, ayant un handicap, femmes, peuples autochtones et LGBTQ2+).

Finalement, le volet achat local, qui était précédemment basé sur l’adresse civique du siège social, a été revu. Une distinction est désormais possible, selon les activités de l’entreprise (fabrication ou transformation, assemblage, emballage ou conception), pour lui permettre de se qualifier en tant que fournisseur local.

Afin d’outiller les acheteurs de la Ville de Montréal lors d’un achat sous le seuil de l’appel d’offres public, un répertoire des fournisseurs répondant aux critères de responsabilité sociale et environnementale de la Ville a été développé. Ce système permet à l’employé de repérer les fournisseurs que la métropole souhaite joindre, dont les entreprises d’économie sociale, dans un souci d’impact social favorable pour la communauté montréalaise. Il faut savoir que la valeur des contrats octroyés de gré à gré par la métropole, année après année, est d’environ 600 millions de dollars.

Économie sociale : trois tendances observées

Chose certaine, plusieurs tendances fortes émergent des plus récentes initiatives déployées par la Ville de Montréal. France Doire y va d’une première observation.

« Nous constatons plusieurs nouveaux engagements entre la Ville de Montréal et les entreprises d’économie sociale. Le nombre de contrats octroyés et les volumes d’affaires sont à la hausse », résume-t-elle.

Une deuxième tendance avait aussi été relevée par les responsables dHydro-Québec et d’Énergir. « Il y a de moins en moins de préjugés au sein de la communauté envers les entreprises d’économie sociale. Elles ont su démontrer leur expertise et de la flexibilité, en proposant une offre adaptée aux besoins changeants de la Ville de Montréal, principalement en temps de pandémie », dit-elle.

Et si votre organisation souhaite faire affaire avec les entreprises d’économie sociale, elle vous conseille justement de bien identifier votre besoin et d’en discuter ouvertement avec le fournisseur. « Évitez cependant d’être trop rigides dans la description de l’offre recherchée. Laissez place à leur créativité », recommande-t-elle.

Finalement, un rythme très positif entoure actuellement les entreprises d’économie sociale. « Ces dernières donnent l’exemple et elles achètent, elles aussi, auprès de fournisseurs ayant des pratiques responsables. Elles privilégient les circuits courts, limitant d’autant les émissions de GES. » Elles sont donc proactives, se montrent ouvertes à développer une offre innovante et elles valorisent l’économie circulaire. 

« Tous ces acteurs travaillent définitivement main dans la main pour construire le monde de demain. Que l’on soit une petite organisation ou une métropole d’envergure comme Montréal, chaque action compte pour atteindre notre objectif », conclut avec enthousiasme France Doire.

Inscrivez-vous !

La Ville de Montréal souhaite mousser les inscriptions au fichier de ses fournisseurs. Elle vous invite à vous y inscrire ou à modifier votre profil. En tant qu’entreprise d’économie sociale, vous pourriez ainsi bénéficier d’une meilleure visibilité auprès des acheteurs du service de l’approvisionnement.


En chiffres : le pouvoir d’achat de Montréal

2,8 G$

Volume d’achat de la Ville de Montréal par année.

600 M$

Valeur des contrats accordés de gré à gré, sous le seuil d’appel d’offres, par année.

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CESIM

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