Entrevue

Énergir, l’art de valoriser les entreprises d’économie sociale

PARLONS ÉCONOMIE SOCIALE AVEC…

À la recherche de bonnes références pour dénicher les fournisseurs issus de l’économie sociale qu’il vous faut ? Jonathan Girard, directeur, approvisionnement biens et services pour Énergir, partage sa riche vision du sujet et son carnet de bonnes adresses. Suivez le guide !

Énergir n’a plus besoin de présentation. Entreprise diversifiée du secteur énergétique, sa mission est de répondre de manière de plus en plus durable aux besoins en énergie de ses quelque 210 000 clients et des communautés qu’elle dessert au Québec. Principal distributeur de gaz naturel dans la province, Énergir y produit également, par le biais de coentreprises, de l’électricité à partir d’énergie éolienne.

Le développement durable est donc au cœur de ses préoccupations. « Nous tenons à apporter une contribution positive à la collectivité et à réduire notre empreinte environnementale dans chacune des actions que nous entreprenons », explique ainsi d’entrée de jeu Jonathan Girard.

Signataire de l’initiative L’économie sociale : j’achète ! , pilotée par le Conseil d’économie sociale de l’île de Montréal (CESIM) depuis 2017, Énergir veut inspirer d’autres grands donneurs d’ordres à rejoindre le mouvement. Elle prend les grands moyens pour arriver à ses fins. « Énergir souhaite être la première entreprise en Amérique du Nord à détenir la norme ISO 20400. Les démarches vont bon train », ajoute-t-il. Cette norme internationale fournit des lignes directrices sur les achats responsables. Elle est utilisée par les organismes qui ont l’intention d’améliorer leur durabilité sociale, économique et environnementale.

Énergir peut aussi compter sur l’accompagnement de l’Espace québécois de concertation sur les pratiques d’approvisionnement responsable (ECPAR). La mission de l’organisme est justement de soutenir l’achat responsable et le développement durable en matière de chaîne d’approvisionnement. Au fil du temps, petit à petit, Jonathan Girard et son équipe ont revu leurs façons de faire, pour laisser une porte ouverte à l’entrepreneuriat collectif. « Il est primordial de sensibiliser toute l’organisation, et l’ensemble de vos clients internes, à ces enjeux. »

D’ailleurs, depuis 2014, les grilles d’évaluation des appels d’offres incluent des critères de développement durable. À proposition égale, ces critères favorisent les entreprises d’économie sociale et écoresponsables qui, par vocation, sont au service de la collectivité. Un code de conduite a aussi été élaboré, pour définir les attentes d’Énergir envers ses partenaires. Ces attentes touchent notamment l’éthique, la sécurité au travail et la fabrication responsable. « N’ayons pas peur de mettre au défi les fournisseurs réguliers et de faire jouer la concurrence », dit-il. La recette fonctionne : aujourd’hui, plusieurs entreprises d’économie sociale mettent leur expertise au service d’Énergir.

Des entreprises d’économie sociale sous la loupe

Jonathan Girard présente cette première entreprise d’économie sociale comme étant une « organisation forte, qui fait de la réinsertion sociale l’une de ses missions ». AXIA Services est spécialisée en gestion immobilière : elle possède une division dédiée à l’entretien ménager commercial et une seconde qui œuvre dans le domaine de la sécurité. Elle est en activité depuis 1975.

« Nous faisons également confiance à Insertech, une entreprise d’insertion à but non lucratif, qui forme de jeunes adultes sans emploi, tout en donnant une deuxième vie au matériel informatique récupéré des entreprises. ». En faisant du réemploi et de la réparation d’appareils, Insertech contribue à lutter contre la surconsommation, l’obsolescence programmée, la pollution et le gaspillage des ressources.

Alors qu’il est questionné sur les autres entreprises d’économie sociale qui tirent leur épingle du jeu, Jonathan Girard révèle que les activités liées à la nature font partie de celles dans laquelle le géant québécois s’investit. « Nous faisons aussi affaire avec Sentier Urbain pour la réalisation de certains aménagements paysagers»

Finalement, MU – Montréal, un organisme qui transforme l’espace public montréalais en réalisant des murales et qui offre des ateliers jeunesse d’art mural dans les quartiers défavorisés, a aussi obtenu un mandat d’Énergir. « Ils ont embelli une façade de l’un de nos bâtiments », dit-il avec fierté.

Que des avantages

Et que constate-t-il lorsque vient le moment d’évaluer la relation tissée avec ces fournisseurs issus de l’économie sociale ? « Ces partenariats ont un impact réel dans la communauté. Quelle satisfaction de discuter avec un dirigeant d’une entreprise locale croisé dans le quartier ! », s’exclame-t-il. Cette proximité est le gage d’une communication plus directe entre les deux partenaires et d’une réactivité rehaussée quant aux besoins du donneur d’ordres.

Impossible de passer sous silence, aussi, les avantages d’une chaîne d’approvisionnement plus locale pour les grandes entreprises d’ici. « Ne considérez pas seulement le coût d’achat d’un item : les entreprises locales sont agiles et ont des délais d’approvisionnement plus courts que les fournisseurs d’outre-mer. Dans le contexte actuel, ça peut représenter un avantage concurrentiel important. »

Conseils d’un pro

Si vous souhaitez à votre tour vous familiariser avec l’économie sociale, Jonathan Girard vous encourage à aller de l’avant. « Démontrez à la direction que c’est la bonne chose à faire pour toutes les parties impliquées. Il faut convaincre, et non attendre que l’idée vienne éventuellement du haut. » Il est toujours possible de commencer par l’approche des petits pas, en déployant un projet-pilote. Et comme le dit l’adage, « l’essayer, c’est l’adopter ». « Vous pourriez d’ailleurs être le prochain artisan d’une histoire à succès », conclut Jonathan Girard, fort de son expérience.

CESIM

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