Une épicerie pas comme les autres

 

Le petit marché de l’est est une petite épicerie de quartier installée dans l’est de Rosemont. Ce petit marché communautaire répond à un besoin criant pour les citoyens du quartier. Entrevue avec les fondateurs.

Combien êtes-vous dans votre entreprise ?
Nous sommes 6 employés, 3 à temps plein et 3 à temps partiel. Les bénévoles et intervenants du milieu s’ajoutent à notre équipe selon les besoins du Petit Marché.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres épiceries ?
Il s’agit d’une fruiterie en économie sociale ouverte 7 jours sur 7, comme une fruiterie de quartier : la 1re sur l’Île de Montréal ! Le projet est né de l’initiative et de l’implication et de citoyens et d’intervenants de Rosemont. Comme toute entreprise d’économie sociale, la finalité n’est pas le profit, mais bien le service aux gens du quartier. Quand il y aura des surplus, ils seront réinvestis dans la fruiterie, dans le quartier, dans la communauté. De plus, il y a un conseil d’administration regroupant citoyens et intervenants du quartier, ce qui implique un processus de décision démocratique. Enfin, le Petit de marché de l’Est de Rosemont se veut un levier afin de développer d’autres initiatives en sécurité alimentaire dans le quartier.

Pourquoi l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie avait besoin de votre initiative ?
Le secteur Est du quartier Rosemont avait un problème d’accès à des fruits et légumes frais, c’était un « désert » alimentaire tel que défini par la Santé publique (incroyable, mais vrai, il existe plusieurs déserts alimentaires dans différents quartiers de Montréal). Le milieu s’est mobilisé pour trouver une solution concrète et durable.

Racontez-nous ce qui a mené à la mise sur pied de votre épicerie.
Suite à un Forum social en 2006, l’accès à la nourriture a été identifié comme une priorité dans Rosemont. Un comité de citoyens et d’intervenants s’est alors mis sur pied et a travaillé d’arrache-pied afin de trouver des solutions dans l’Est de Rosemont. Suite à des consultations et à une grande mobilisation, des marchés publics ont été expérimentés, une étude de faisabilité pour implanter une fruiterie a été effectuée. Finalement le plan d’affaires démontrait que ça pouvait être viable financièrement. Ce projet était porté par plusieurs dizaines de citoyens et d’organismes, L’ensemble du quartier s’est donc lancé dans l’aventure de faire un montage financier et grâce à l’appui de nombreux partenaires, particulièrement la CDEC Rosemont-Petite-Patrie et le RISQ, le rêve est devenu réalité. Une réussite collective !

Comment se sont déroulés les trois premiers mois en tant qu’entrepreneur ?
Ouf ! Après l’émotion de l’ouverture en novembre 2012 et l’accueil très chaleureux des gens du quartier, on pourrait dire que les mots clés furent expérimentation, découverte, apprentissages. Nous découvrons les défis de démarrage une entreprise d’économie sociale, nous expérimentons avec les gens du quartier (heures d’ouverture, produits offerts, fournisseurs, etc.), nous faisons plein d’apprentissages (volet distribution, ressources humaines). C’est un work in progress où nous devons nous ajuster constamment.

Voyez-vous des problèmes avec les grandes chaînes d’épiceries telles Métro et IGA ?
Non. Notre ambition n’est pas d’être une grande surface comme les grandes chaînes. Notre approche est la proximité, notre souci est de contribuer à redynamiser la vie de quartier, à offrir le plus de produits locaux et du Québec possible. Une fruiterie à l’échelle humaine qui se soucie de la qualité, des prix, des producteurs maraîchers québécois.

Comment voyez-vous l’avenir de l’industrie alimentaire à Montréal ?
Plus de commerces de proximité. Il y a une tendance de fond pour l’agriculture urbaine, les produits locaux, les circuits courts, un lien avec les producteurs, l’approvisionnement local. Nous nous inscrivons évidemment dans cette tendance.

Est-ce que les consommateurs devraient changer leurs habitudes alimentaires ?
Ils devraient être mieux informés de ce qui se passe avec les aliments avant qu’ils soient dans leur assiette. Les gens sont tellement habitués à trouver tout, tout le temps qu’ils sont décalés par rapport à la réalité. Mais attention pas tous ! Acheter des produits locaux est tendance et tant mieux ! Mais des fraises du Québec non, on n’en trouve pas à l’année et non, elles ne sont pas grosses comme leur amie américaine. Les consommateurs ont le pouvoir d’encourager les produits locaux et en exiger, de favoriser les commerces de proximité.

Est-ce que Rosemont est le meilleur quartier de Montréal ? Pourquoi ?
Oui, depuis qu’il y a une fruiterie au coin de la 28e avenue et Beaubien ! Rosemont est quartier dynamique qui se mobilise autour de solutions concrètes et qui travaille facilement de façon concertée, ce qui en fait un terreau propice pour l’émergence d’initiatives variées, de projets novateurs. Mais chaque quartier a sa couleur et Montréal est une mosaïque de quartiers attachants qui sont tous les plus meilleurs quartiers du monde !

Qu’est-ce que le Concours Entrepreneurs en action de la CDEC Rosemont-Petite-Patrie vous apporte ou vous a apporté ?
Le Concours Entrepreneurs en action de la CDEC Rosemont-Petite-Patrie a été très important pour nous. Avoir de la reconnaissance des acteurs économiques fait du bien, donne des ailes, permet de se faire connaître et est surtout une marque de reconnaissance et d’encouragement. Ça donne le goût de se surpasser, ça donne de l’énergie pour affronter les nombreux défis d’une entreprise en démarrage, ça donne confiance. La 10e édition fermera ses inscriptions en ligne jeudi 5 décembre. Plus de 85 000 $ sont à gagner sous forme de bourses et de prix pour les entreprises privées et collectives en démarrage qui souhaitent s’installer dans Rosemont-La Petite-Patrie. Toute l’actualité du Concours est sur Facebook.

Quel est le secret pour faire fonctionner votre entreprise ?
Une coordonnatrice géniale et passionnée, le travail d’équipe, avoir le soutien de la communauté et des partenaires financiers. Ne pas compter ses heures, être bien entouré, avoir des rapports de qualité avec ses clients et ses fournisseurs. Tenter de penser à tout, une saison d’avance !

Quel est l’aliment le plus cool dans votre épicerie ?
En cette période automnale, c’est définitivement le céleri-rave ! En plus, nous avons été le chercher directement chez un producteur de la Rive-Sud ! Ce légume savoureux nous prouve qu’avoir de bonnes et belles racines nous permet de grandir et d’avoir une belle tête bien remplie !

Qui est votre client favori ?
Il y en a plusieurs ! Madame Huot et ses enfants qui viennent acheter de la crème glacée et des fraises, celui qui ‘’deal’’ le prix des bananes, celui qui tapote les melons, nos clients enfants particulièrement cette petite blonde qui écrase chaque framboise d’un casseau, le fan de maïs.

Source : Urbania

CESIM

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